Coupe du monde de football : avant le Qatar, ces autres appels au boycott

Des grandes villes françaises ont décidé de ne pas retransmettre les matchs de la Coupe du monde de foot, qui débutera au Qatar le 20 novembre. Par le passé, plusieurs grands rendez-vous du ballon rond ont été menacés de boycott, avec plus ou moins de succès.

Coupe du monde de football : avant le Qatar, ces autres appels au boycott
Sur l’un des sites en construction de la Coupe de monde de football de 2022, à Doha, en mai 2014.

Dénonçant l’aberration écologique de stades climatisés ou les soupçons de corruption entourant la désignation du pays hôte, au nom des droits humains et des milliers de travailleurs immigrés morts lors de la construction des stades, plusieurs villes françaises, Paris, Lille ou Bordeaux, ont décidé de ne pas retransmettre sur grand écran ce que le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, qualifie de « Mondial de la honte ». Des personnalités comme l’ex-footballeur Eric Cantona ou l’acteur Vincent Lindon ont également annoncé qu’elles ne regarderaient pas les matchs.

2018 : tous en Russie malgré la Crimée

Le president de la FIFA Gianni Infantino et le président russe Vladimir Poutine, à Moscou, lors de la Coupe du monde de football de 2018.

Quatre ans après l’annexion de la Crimée, dénoncée par la communauté internationale, la Russie organise la Coupe du monde, dont le Kremlin veut faire une vitrine de son pays. Plusieurs nations envisagent un boycott diplomatique de la compétition. Seuls l’Angleterre et l’Islande mettront à exécution cette menace. Poutine peut pavoiser dans le vestiaire de l’équipe de France après la victoire des Bleus en finale.

1978 : en Argentine sous la coupe de Videla

Le président argentin, Jorge Videla, remet la coupe du monde au capitaine de l’équipe de football argentine, Daniel Passarella, le 25 juin 1978.

Deux ans après l’instauration d’une dictature militaire, l’Argentine organise le Mundial. En France, dont l’équipe nationale s’est qualifiée pour la première fois depuis vingt ans à la phase finale, plusieurs organisations de gauche appellent au boycott. Dominique Rocheteau est le seul joueur qui hésite à se rendre sur place. L’Argentine l’emporte contre les Pays-Bas, et Jorge Videla, le chef de la junte, remet la coupe à l’équipe nationale dans le stade Monumental, situé à moins d’un kilomètre du plus grand centre de torture du pays.

1966 : le temps de retard de l’Angleterre

L’affiche de la Coupe du monde de football de 1966, qui s’est tenue en Angleterre en 1966.

Cette année-là, le pays qui a inventé le football organise la Coupe du monde. Dans un univers qui vient de se libérer du colonialisme, la Fédération internationale n’a pas saisi la nouvelle donne géopolitique. Elle n’a prévu, parmi les seize équipes réunies pour la phase finale, qu’une seule place qualificative pour l’ensemble des nations d’Asie, d’Afrique et d’Océanie. Les pays africains décident donc de ne pas participer aux phases qualificatives. Lors de la Coupe du monde suivante, en 1970, au Mexique, la FIFA accordera une place au continent africain (contre cinq aujourd’hui).

1934 : le triomphe facile de l’Italie

Benito Mussolini (en blance) reçoit l’équipe italienne de football à Rome, après leur victoire durant la coupe du monde de 1934.

Avant Adolf Hitler et les Jeux olympiques de Berlin, en 1936, Benito Mussolini est le premier dictateur qui tente d’instrumentaliser le sport en accueillant, en Italie, la deuxième édition de la Coupe du monde de football. Le but affiché est de mettre en valeur l’idéal fasciste. Nation la plus forte de son époque, l’Angleterre est invitée d’office mais boycotte la compétition – non pour des raisons politiques, mais par pur dédain d’une coupe internationale inventée par des Français, dont elle n’a pas pris la mesure. L’Italie l’emporte, Mussolini triomphe.